murs à pêches

Un site ancestrale d'une richesse culturelle incommensurable en plein cœur de Montreuil

Bribes d'histoire

Le site des Murs à Pêches fut créé au 17è siècle pour la culture de pêchers en espaliers.
Six-cents kilomètres de murs blancs en plâtre disposés en labyrinthe permettaient aux pêchers une croissance rivalisant avec celle du Sud de la France. Cette technique permettait d’emmagasiner l’énergie solaire pour la restituer aux pêchers la nuit. En 1870, ce sont 17 millions de fruits qui se retrouvent répartis sur les marchés de France ainsi qu’à l’étranger (Angleterre, Russie…).

 

Cette notoriété des pêches de Montreuil est grandissante dès leur présence à la Cour de France au 17è siècle. Certaines variétés de pêches, créées à Montreuil (La Grosse Mignonne, la Prince of Wales…), sont toujours cultivées aujourd’hui.
A partir de la fin du 19è siècle, la production du site commence à décliner : l’expansion du chemin de fer permet aux pêches du Sud de la France, demeurant plus précoces que celles de Montreuil, d’arriver plus tôt (et à faible coût) sur les marchés. Les vergers et les murs finissent par être en partie détruits ou mêlés au paysage urbain : aujourd’hui, seul une dizaine de kilomètres de murs subsistent. De plus, sur la surface restante, 50 hectares initialement protégés sont devenus zone urbanisable à 80%, 37 hectares sont devenus réserve foncière pour l’implantation d’activité. Seul 8.5 hectares sont protégés et classés au titre des  « sites et des paysages » (espace labellisé en 2003).
Les jardins et les vergers du site, au-delà d’être les derniers témoins d’une partie du patrimoine historique de la ville, est un lieu phare de rencontres, de transmission ou encore d’activités.
Plusieurs associations montreuilloises ont été accueillies progressivement par la ville au sein du site, permettant ainsi de l’entretenir et de participer à lui donner vie : associations artistiques, environnementales, solidaires, d’éducation populaire, etc.

 


Échos du passé

 

La Quintinie vient ensuite, trouvant la pêche à la tête des fruits digne de la table royale,

mais tout directeur des jardins de Versailles qu'il était en 1670, ignorant encore

et la provenance et la culture des pêches exceptionnelles

que les officiers des bouches allaient acheter 

à Paris pour la table de Louis XIV.

 

Mais une grosse pêche inconnue, couleur grenat foncé, splendide de forme, succulente, - un vrai régal du roi ! -

ne cesse d'arriver à Versailles et l'empêche de dormir. Il essaye de la contrefaire, de l'obtenir ; il chercher, tâtonne,

invoque chaque jour un procédé, se creuse la tête, et Louis XIV lui demande un jour pourquoi ses jardins royaux

ne donnent pas ce fruit merveilleux.

 

...A force de cherche, il (La Quintinie) finit par découvrir Montreuil le silencieux.

 

Et bientôt après, grâce à des artifices, à des séductions, à des promesses, Nicolas Pépin, jeune gars de Montreuil,

qui devait être le chef d'une dynastie illustre en arboriculture, abandonne les jardins paternels,

et s'en allait travailler dans les jardins de Versailles.

LANGLOIS (Hippolyte), Le Livre de Montreuil-aux-Pêches : théorie et pratique de la culture de ses arbre,  Paris, 1875

 

Ce fut alors qu’on s’aperçut que que dans les quatre quartiers du dernier défunt où chacun s’était fait clore, les pêches venaient mieux,

grossissaient davantage, mûrissaient plus vite et avait plus de de couleur et de goût que les autres, qu’aussi les arbres profitaient bien autrement, gelaient moins tous les ans et que tout ce qu’on avait planté dans le reste de chaque quarré était plus hâtif ; on fit par la suite, à dessein et de propos délibérés, des mûrs pour couper le terrain en tous sens comme il est aujourd’hui d’un usage général à Montreuil.

 

Abbé Roger Schabol, 1755


LES MURS A PECHES : UNE LUTTE ARDUE

"J'ai découvert les Murs à Pêches en 1994, c'est pourquoi je relate les événements à partir de cette date. A cette époque, ces parcelles sont inconnues des Montreuillois, ou ne subsistent que comme un souvenir lointain, une histoire passée. La culture des pêches, des poires et des pommes a cédé la place à l'industrialisation et a fait oublier l'ancien revenu des montreuillois. Une zone de 50 hectares est tout de même protégée en tant que “Réserve d'espaces verts”, reste de l'ancienne tradition agricole de la ville ; plus personne ne se soucie de ce territoire caché par de hauts murs. Mais le maire, lui, ne l'a pas oublié, et voit dans ces terrains une manne inespérée de foncier. En catimini, il rachète à bas prix des parcelles des Murs à Pêches aux veuves des anciens arboriculteurs, dès que l'occasion se présente.

 

Un membre du groupe des Verts de Montreuil, ingénieur agronome, avait pourtant redécouvert ce lieu et passé de longues heures à mesurer, à dessiner, à questionner les anciens arboriculteurs. Il avait rédigé un document pour valoriser les Murs à Pêches mais le maire l'avait rejeté car cela s'opposait à son projet de ZAC qui impliquait la destruction de toute la partie ouest du site. Heureusement, les propriétaires du lieu, réunis dans l'ADMH (Association des Habitants de Montreuil), avaient réussi à faire annuler cette ZAC en 1991 (ZAC d'ailleurs illégale).

 

Pourtant, en 1994, le couperet tombe : la première couronne autour de Paris est urbanisable à 80%, ainsi que la réserve d'espaces verts des Murs à Pêches. C'est alors que l'association Murs à Pêches est créée, pour défendre le lieu contre l'urbanisation. Elle obtient la location de deux parcelles. Son action: faire connaître aux Montreuillois la valeur du site. Ses membres participent à toutes les manifestations de la ville avec des panneaux expliquant l'histoire des Murs à Pêches et montrant la beauté du lieu.

 

Puis en 2001, l'idée de protéger plus efficacement ce site remarquable s'impose aux membres de l'association. Une demande est faite à la DIREN (Direction régionale de l'Environnement). L'inspecteur des Sites essaie dans un premier temps de dissuader l'association. Pour lui, il y a peu de chances d'obtenir une protection du site contre l'avis du maire.

Mais, aidée par les Verts de Montreuil, l'association va jusqu'au ministère de l'Environnement, dirigée alors par Dominique Voynet. L'accueil est plutôt dissuasif. Les Verts de ce cabinet ne pensent pas à un classement. Néanmoins les choses se mettent progressivement en place : l'inspecteur des Sites rédige son dossier et une de ses anciennes collaboratrices bataille pour soutenir le projet.

 

Enfin, lors d'une réunion décisive dans ce cabinet ministériel, l'inspecteur présente son projet de classement. Il a longuement étudié les Murs à Pêches et choisi les parcelles à protéger, sur une surface de 16 hectares. Malgré tous les efforts du maire de Montreuil essayant de faire échouer ce projet, la demande de classement, signée par Dominique Voynet, aboutit et paraît au Journal Officiel en décembre 2003 au titre des Sites et Paysages. Seulement 8,5 hectares sont finalement classés, mais cela a permis de préserver une partie des Murs à Pêches et d'y voir fleurir aujourd'hui encore une foultitude de beaux projets.

Cinq ans plus tard, en 2008, Dominique Voynet est élue maire de Montreuil. Malgré ses revendications écologiques, elle fait construire sur les Murs à Pêches une maison de retraite, un collège, un atelier de remisage pour le tramway, et une piscine écologique, délogeant pour cette dernière les Jardins du cœur (1). 

 

A l'heure actuelle, la lutte pour sauvegarder la qualité du paysage des Murs à Pêches, de ses espaces verts et de ce patrimoine de biodiversité montreuillois, continue âprement. Montreuil se situe sur la première couronne autour de Paris, la ville fait partie du Grand Paris, et la lutte contre l'envahissement du béton ne cesse pas !"

 

 

Jeanne Studer

 

(1) Comme les autres ateliers et chantiers d'insertion des Restos du cœur, les Jardins du cœur emploient des personnes en grande difficulté et éloignées de l'emploi afin de les aider à retrouver le chemin d'une vie professionnelle et sociale normales.


Pour en apprendre davantage sur l'histoire des Murs à Pêches, rendez-vous sur le site de l'Association MAP en  cliquant iciet sur le site de la SRHM en cliquant .

Contact

 

Fédération des Murs à Pêches, 77 Rue Danton, 93100 Montreuil

 

federationmursapeches@gmail.com

festivalmursapeches@gmail.com

benevolesmap@gmail.com